Testostérone : quel est son rôle chez l’homme et chez la femme ?
La testostérone n’est pas seulement l’hormone de la sexualité et de la fertilité masculines. On le sait peu, mais elle est indispensable dans l’organisme à bien des niveaux. Quel est son rôle chez l’homme et chez la femme ? Quand faut-il la doser et comment ? Quels sont les signes d’un déficit en testostérone ? Peut-on stimuler sa production ? Le point avec le Pr Jacques Young, endocrinologue.
S’il y a bien une hormone du corps humain qui évoque immédiatement la virilité, c’est la testostérone. « La testostérone est un stéroïde sexuel. Cette hormone fait que l’homme est un homme », résume le Pr Jacques Young, endocrinologue à l’hôpital universitaire de Bicêtre (Kremlin-Bicêtre, 94).
Qu’est-ce que la testostérone ? Quand et par quoi est-elle produite ?
La testostérone est l’hormone mâle sécrétée par les testicules, qui stimule le développement des organes génitaux mâles et détermine l’apparition des caractères sexuels mâles secondaires, définit le dictionnaire Le Robert.
« C’est grâce à elle qu’un bébé qui vient de naître est véritablement d’aspect masculin. En effet, tôt dans la vie intra-utérine avant la production de testostérone le fœtus possède le même aspect extérieur », ajoute le Pr Jacques Young. Chez le fœtus de sexe masculin, la testostérone est produite pendant la vie anténatale et joue un rôle essentiel dans la masculinisation des organes génitaux, contribuant au développement des caractéristiques physiques typiquement masculines.
Immédiatement après la naissance, la testostérone continue à être produite pendant trois à six mois (on appelle cette période « minipuberté ») puis la production s’arrête pendant plus de 10 ans. Elle recommence finalement lors de la puberté. La sécrétion de testostéroneprovient des cellules de Leydig présentes au niveau des testicules. En quantité beaucoup plus faible, elle est produite par les glandes surrénales, ce qui est négligeable chez l’homme mais important chez la femme.
En vidéo : qu'est-ce que la testostérone ? Réponse du Dr. Marc Galiano, urologue.
Quel est le rôle de cette hormone masculine chez l’homme ?
Lors de la puberté, la testostérone permet l’apparition de certains caractères masculins spécifiques comme le développement des poils, le développement de l’appareil génital masculin et des muscles, l’apparition de la libido, le changement de la tonalité de la voix, etc. De plus, au niveau sexuel, cette hormone joue un rôle local dans le testicule essentiel pour la maturation des spermatozoïdes. « La testostérone reste en quelque sorte l’hormone de la sexualité et de la fertilité masculines », souligne le Pr Jacques Young.
Elle joue également un rôle dans la poussée de croissance pubertaire des adolescents. Elle rend les os plus solides en général (prévention de l’ostéoporose). Elle induit aussi une augmentation de la masse musculaire, d’où son utilisation (dangereuse et fréquente) dans le dopage des sportifs.
À quoi sert la testostérone chez la femme ?
Contrairement à une croyance largement répandue, les femmes ont également de la testostérone mais en nettement moindre quantité. Précisément, la concentration de cette hormone est dix fois moins importante dans l’organisme féminin que dans l’organisme masculin. Chez la femme, la testostérone est produite en partie par les ovaires et en partie par les glandes surrénales. Elle pourrait contribuer au maintien de la libido. « À ce sujet, rien n’est vraiment certain. Ce rôle sexuel physiologique chez la femme est largement débattu par la communauté scientifique », remarque le Pr Young.
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Relations intimes, sexuelles et testostérone : quels sont les liens ?
Les niveaux de testostérone semblent être liés de près ou de loin à nos comportements et attitudes en matière de relations intimes et de pratiques sexuelles. C’est en tout cas ce qui ressort d’une nouvelle étude, publiée le 11 octobre 2021 dans The Journal of Sex Research.
Les chercheurs ont mesuré les taux de testostérone contenus dans les échantillons de salive de 3 722 adultes, et utilisé des questionnaires pour connaître leurs pratiques sexuelles et relations intimes.
Verdict : les hommes avec les niveaux les plus élevés de testostérone étaient plus susceptibles que les autres d’avoir eu plus d’un·e partenaire sexuel·le en même temps au cours des cinq dernières années, et d’avoir eu récemment des relations sexuelles incluant une pénétration vaginale.
Chez les femmes, de hauts niveaux de testostérone se sont manifestés différemment : les niveaux de testostérone étaient significativement plus élevés chez les participantes ayant déjà vécu une relation homosexuelle et déclarant avoir eu plus récemment et plus fréquemment une activité sexuelle en solo, autrement dit adeptes de la masturbation.
Les auteurs indiquent que ces résultats aident à combler le « déficit » d’attention accordé au rôle des androgènes (testostérone et autres hormones dites « masculinisantes ») dans la sexualité des femmes. « Nos données tendent à confirmer que les différences entre les hommes et les femmes doivent être comprises en les examinant dans le contexte des influences sociales et hormonales sur la fonction et le comportement sexuels. Le lien marqué de la testostérone avec la masturbation chez les femmes, en l’absence d’un lien observé avec des aspects relatifs au sexe au sein d’un couple hétérosexuel, peut être considéré comme cohérent avec la notion d’un effet modérateur plus fort des facteurs sociaux sur les influences hormonales sur le comportement des femmes », ont-ils conclu dans un communiqué.
Quand faut-il doser la testostérone chez l’homme, chez la femme ?
Dans certains cas, il est important de doser la testostérone.
Dosage de la testostérone chez l’homme : dans quels cas ?
Le dosage est fréquemment demandé pour les hommes ayant un pénis de petite taille ou quand la puberté ne se développe pas normalement, décrit le spécialiste.
On en réalise également un quand, à l’âge adulte, les hommes souffrent de troubles de la libido(absence d’envie sexuelle) ou d’autres problèmes sexuels comme les troubles de l’érection.
Dosage de la testostérone chez la femme : dans quels cas ?
Chez la femme, un dosage est effectué quand existent des symptômes évoquant un excès de cette hormone : acné, peau et cheveux gras. Et, surtout, devant une pilosité excessive à certains endroits du corps (moustache, menton, seins ou vers l’ombilic).
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Comment savoir si on a un bon taux de testostérone ?
Le taux de testostérone varie en fonction du sexe et de l’âge. Dans tous les cas où on suspecte une maladie altérant la testostérone, le dosage de la testostérone se réalise grâce à un prélèvement sanguin.
- Chez l’homme, entre 20 et 45 ans, le résultat normal se trouve habituellement entre 10 et 30 nmol/l (3.0 à 9 ng/mL) ;
- Le chiffre normal chez la femme jeune, nettement plus bas, est le plus souvent compris entre 0,50-3 nmol/l (0.2-0.6 ng/ml).
Quand le dosage de testostérone montre une insuffisance en testostérone chez l’homme (on parle d’hypogonadisme), une supplémentation peut être envisagée afin d’augmenter le taux mais surtout pour corriger les symptômes ayant motivé le dosage de cette hormone.
Quels sont les signes d’un manque de testostérone ?
« Les symptômes du déficit en testostérone sont variés et peu spécifiques », indique un article publié sur le site de l’Association française d’urologue (AFU) (source 1). Il s’agit principalement de :
- Fatigue ;
- Diminution de la libido, du désir sexuel ;
- Troubles du sommeil ;
- Changements d’humeur ;
- Irritabilité ;
- Baisse de l’humeur accompagnée d’un état dépressif ;
- Diminution de la masse musculaire ;
- Augmentation du tissu adipeux :
- Perte de cheveux…
« Cette diversité de signes fonctionnels rend parfois difficile le diagnostic qui peut passer inaperçu à l’examen », précise le Dr Faix, ancien responsable du Comité d’Andrologie et de Médecine Sexuelle de l’AFU, Trésorier de l’AFU et corédacteur de l’article.
En présence de tels symptômes, une prise de sang avec dosage de la testostérone totale peut être réalisée.
Comment faire augmenter son taux de testostérone ?
L’alimentation et l’hygiène de vie participent au maintien d’un taux « normal » de testostérone. Outre une alimentation équilibrée, certains aliments sont naturellement riches en testostérone : légumes crucifères, ail, œuf, agrumes, huître, noix, bœuf… Il est également conseillé de pratiquer une activité physique régulière (notamment la musculation), de dormir suffisamment et d’avoir un sommeil de qualité, de réduire son stress, de limiter sa consommation d’alcool…
Capsules, gels, injections : des médicaments pour booster la testostérone
Si cela n’est pas suffisant, il existe des traitements pour augmenter le taux de testostérone, note l’AFU :
- Les capsules à prendre par voie orale au cours des repas sont remboursées par la Sécurité sociale. « Cependant, elles n’offrent pas des concentrations stables de testostérone et leur absorption fluctue en fonction de la teneur en lipides des repas », écrit le site ;
- Le gel transcutané en application quotidienne est facile d’utilisation, mais n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. « Il offre une bonne stabilité des concentrations de testostérone » ;
- L’injection intramusculaire « à raison d’une ou deux fois par mois, est responsable de fluctuation des taux de testostérone dans l’intervalle des injections. Seule une injection toutes les 2 à 4 semaines est remboursée par la Sécurité sociale ».
Afin de faciliter l’accès aux médicaments à base de testostérone pour les patients qui en ont besoin, les médecins spécialistes en médecine et biologie de la reproduction et en andrologie, peuvent désormais mettre en place ces traitements depuis le 3 janvier 2022 (jusque-là réservé aux spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition, en urologie et en gynécologie), précise l’ANSM dans un communiqué.
Parlez-en toujours à votre médecin avant de commencer un traitement à la testostérone. Si la supplémentation de testostérone présente de nombreux avantages, elle comporte également des effets secondaires et des risques.
Pour les hommes, un faible taux de testostérone signifie un risque élevé de Covid-19 sévère
Selon une étude publiée en mai 2021 dans Jama Network Open, de faibles taux de testostérone dans le sang sont liés à une forme plus sévère de Covid-19. Les chercheurs n’ont pas pu prouver qu'un faible taux de testostérone était une cause de Covid-19 grave mais ces niveaux pourraient servir de marqueur de certains autres facteurs de causalité.
Pour cette étude, les chercheurs ont mesuré plusieurs hormones dans des échantillons de sang de 90 hommes et 62 femmes avec des symptômes de Covid-19. Chez les femmes, les chercheurs n'ont trouvé aucune corrélation entre les niveaux d'hormones et la gravité de la maladie. Chez les hommes, seuls les niveaux de testostérone étaient liés à la gravité du virus. Précisément, un taux de testostérone sanguin de 250 nanogrammes par décilitre ou moins est considéré comme faible en testostérone chez les hommes adultes. À l'admission à l'hôpital, les hommes atteints de Covid-19 sévère avaient des niveaux moyens de testostérone de 53 nanogrammes par décilitre. Trente-sept patients, dont 25 hommes, sont décédés au cours de l'étude.
Author: Elizabeth Jackson
Last Updated: 1702416961
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